Vampire et chasseur [PV : Rei Kuran]

Il était 16h, la rentrée des classes était le lendemain. Alan était bien calé au fond de son siège, à l'arrière de l'antique voiture de son père, maintes et maintes fois retapée. Ils changeaient encore de ville. Alan en avait un peu marre, mais ils n'avaient pas le choix. Son père et lui faisaient un métier dangereux, et d'ailleurs Alan était assez doué, malgré le fait qu'il soit jeune, comparé à son père qui avait de nombreuses années d'expérience.

Ils chassaient les vampires. Mais ce n'était pas le genre d'activité qu'ils pouvaient se permettre de crier sur les toits, ce n'est pas exactement le genre de créatures auquels les êtres humains ordinaires croiraient. Ils étaient aveugles, même avec de solides preuves en face des yeux. Mais les choses qui dérangeaient n'existaient tout simplement pas.

Alan, lui, avait les pieds sur terre, il en savait bien plus sur le monde qui l'entourait que la moyenne de son âge, et pour cause… Mais malgré cela, il gardait un esprit raisonné tout en étant ouvert aux expériences qu'il vivait régulièrement.
Il avait les cheveux chatains et les yeux d'un vert émeraude. Il était assez grand pour son âge ; il venait d'avoir 17 ans. Il entrait dans sa dernière année de lycée, malgré les nombreux changements de classes il tenait bon et arrivait à suivre grâce à l'aide de son père, Joe.

Ils s'installèrent le soir même dans leur nouvelle maison, une bâtisse assez grande et ancienne qui avait été construite au milieu du XIXe siècle et était très bien conservée et avait été récemment rénovée. Le seul défaut était le chauffage, qui était compliqué à cause de l'espace.

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Le lendemain matin, à 8h 30 tapantes, Alan arriva devant le lycée dans lequel il passerait probablement les prochains mois, s'il avait de la chance. Il était à l'heure, pour une fois…
Il se dépêcha néanmoins dans les couloirs, et vint toquer à la porte de sa classe.

Une voix claire et forte retentit derrière l'épaisse porte en bois, lui demandant d'entrer, ce qu'il fit.

Il avança lentement jusqu'au milieu de la pièce, jusque devant le tableau mal effacé laissant entrevoir d'étranges écritures qui n'étaient en fait que des restes du cours de maths d'avant les vacances qui avait été mal nettoyé.
Bon sang qu'il n'aimait pas ça, les maths… Comme la plupart de ses camarades, il n'aimait pas la rigueur que cela imposait et préférait passer son temps à des choses plus utiles selon lui - « nettoyer » le monde comme ils disaient dans sa famille…

Le professeur, ayant été informé d'avance de son arrivée, le présenta à la classe. Alan fit alors un discret signe de la main à tout le monde, en glissant un « salut » avec un sourire en coin.
Il se dirigea ensuite vers la place qui lui avait été désignée, à côté d'une jeune élève qui n'était pas pour lui déplaire…

Il s'assit après avoir quasiment jeté son sac par terre, la toisa de haut en bas avec un léger sourire, puis enfonça son regard dans son sac en lâchant un rapide « Salut ».

Ce matin Brünhilde ne se pas bien du tout. Elle n’avait encore pas assez dormir et elle ne s’était pas bien nourrit non plus. La vampire ne voulait pas aller au lycée, détestant les rentrées des classes, elle voulait qu’une seule chose, faire cours dans le manoir familial. Mais cela, son père le lui refusait, lui disant que cela l’aiderait à aller mieux. La belle aux yeux roses pâles se prépara alors avec l’aide de son domestique, se nommant Kraken. Celui-ci lui brossa ses long cheveux couleur corbeau. Puis elle s’habilla d’une robe lolita à losanges rouge et orange, qui lui donnait l’allure d’une marionnette de cirque, et en même temps d’une poupée de porcelaine.

Elle s’habilla avec autant de couleur pour sa rentrée pour une raison. Pour être remarquée, remarquée, et par la même, ignorée. Puisqu’elle ne se lierait pas d’amitié, comme tout les ans, à cause de son caractère timide et de sa « nature »… Comme cela, tout le monde sera qu’il ne faudra pas lui parler. Donc elle pourrait s’habiller plus sobrement pendant l’année.

La jeune vampire se rendit dans le bureau de son père pour lui dire au revoir, celui-ci lui embrassant le front. Ensuite, le chauffeur, en compagnie de Kraken, amenèrent Brunhilde devant son lycée, l’a laissant descendre pour qu’elle se rende en cours. Le domestique promit de revenir pour le repas, déjeuner avec elle dans le parc de l’école, comme à son habitude pendant deux ans auparavant.

Celle-ci alla alors s’asseoir au fond de la classe, l’air absent. Quand le « nouveau » vint s’asseoir près d’elle, elle ne le regarda pas. La vampire ayant un livre sur son bureau, qu’elle lisait attentivement. Pas un livre de cours… Brunhilde ne suivait jamais attentivement les cours, mais avait d’excellentes notes, alors le professeur ne lui interdisait jamais de faire ce qu’elle avait envie. Enfin, dans la limite du respect bien sur. Elle avait le droit de lire et d’écrire ou de dessiner.

Aujourd’hui, c’était un livre sur la mythologie, et en particulier sur les vampires. Ce livre était très vieux, avec une épaisse reliure en cuir et des pages en parchemin, celui-ci appartenait à sa famille.

Elle n’était pas très à l’aise avec ce garçon près d’elle… Espérant qu’il n’allait pas s’intéresser à elle, ou à ce qu’elle lisait.

Tout en farfouillant dans son sac, à la recherche de quoi écrire, il réalisa qu'elle ne lui avait pas répondu.
Soit elle m'a pas entendu, soit elle m'snobe se dit-il.

Il se releva alors en se cognant la tête à la table au passage, qui lui arracha un « Aoutch ! » retentissant, tenant triomphalement en main une trousse assez mal en point, décousue par endroits et tâchée d'encre, et un grand cahier vide de l'autre, un air satisfait sur le visage malgré la bosse qui était en train de pousser sur sa tête.

Il se retourna de nouveau vers sa voisine de bureau, remarquant sa tenue particulière. Vu le gros bouquin qu'elle est en train de lire, sa tenue et comment elle m'a snobée, j'suis sûr que c'est une gosse de riche se dit-il, l'air pensif. Il n'avait pas encore remarqué le sujet du livre qu'elle lisait ; seulement son aspect épais et ancien.

Il se dit alors qu'il essaierai quand même, et dit doucement : « Comment tu t'appelles ? » en espérant qu'elle daignerait lui répondre.

Brünhilde était totalement absorbée par son livre. Son père avait mit tout l’été pour laisser sa fille le lire. Il ne voulait pas qu’elle soit déçu en le feuilletant. Sa fille recherchait si il y avait déjà eu des cas similaire au sien dans le clan. Si il y avait eu un autre membre de la famille qui ne pouvait se nourrir que de sang de vampire. Sur la reliure du bouquin était écrit « La famille Von Phantom ». Cette famille était connue de tout vampire et bien sur de tout hunter.

Près de ce livre, était posé un carnet en cuir lui aussi, vierge, dans lequel la jeune fille écrivait ses notes, avec un magnifique stylo à plume à encre violet. Son écriture ressemblait à de la calligraphie ou à l’écriture d’autrefois.

Elle fut soudain sortie brutalement de ses songes. Oh mince, l’humain s’obstiné à lui parler. Que faire ? Intérieurement la jeune fille aux yeux roses se mit à angoisser. Elle voulait que Kraken soit la pour l’aider, ou pour simplement la ramener au manoir. Mais elle savait qu’elle devait lui répondre, sinon, il ne l’a lâcherait pas.

« Brünhilde… Von Phantom… Enchantée, maintenant, permet moi de retourner à ma lecture, j’ai à faire… »

Finalement elle décida de fermer son esprit, restant concentrer sur son livre. C’est alors qu’à la pause de midi, elle se leva, rangeant ses affaires du son sac à bandoulière et se dirigea vers la cour. En bas, Kraken l’attendait. Kraken, le domestique de Brünhilde Von Phantom, était grand, à la peau pâle, avec des cheveux teint de couleur bleu, coupé en side-cut, c'est-à-dire rasé sur un côté. Il possédait d’imnonbrables piercings sur l’oreille du côté ou ses cheveux étaient rasés et ayant des tatouages partout sur le corps. Il était habillé avec un pantalon cigarette chocolat, portait une chemise beige avec les manches remontées jusqu’aux coudes, laissant apparaître ses tatouages, et par-dessus la chemise, portait une serviette type serveur, chocolat elle aussi. Mais le plus frappant chez lui était deux choses. La première, ses ongles étaient longs et vernis en noir, et la deuxième, la plus troublante, ses deux iris étaient d’un rouge sang luisant. Il était né ainsi, en étant né vampire. Alors que d’habitude, les yeux se teintaient en rouge que lorsqu’un vampire se nourrit. Il ne voulait pas les cacher pour autant. Ayant un look atypique, les humains pensaient qu’il ne s’agissait que de simples lentilles de contact colorées.

Il s’approcha de sa « maîtresse » et ensemble, allèrent manger dans le parc du lycée, sur l’herbe. Au programme, ce qui semblait en tout les cas, de la soupe à la tomate, avec en dessert, des gateaux fourrés à la crème et aux pépites d’oréos.

Alan n'était pas sur ses gardes, il trouvait simplement sa voisine de bureau curieuse, et étant très curieux de nature il voulait juste entamer la conversation. Mais il se ravisa assez rapidement lorsqu'il remarqua le ton que celle-ci employa, semblant… Dérangée par sa présence.

Non mais pour qui elle se prend elle ? s'énerva-t-il silencieusement. Il décida alors qu'il ne lui prêterait plus attention de la matinée, n'ayant pas l'air franchement amicale… Et puis en se retournant vers son cahier vide, son regard balaya le titre du livre qu'elle lisait, mentionnant en grosses lettres le nom qu'elle venait de lui communiquer.

Vu son aspect ancien, il se dit que c'était sûrement un bouquin sur sa famille, un genre d'arbre généalogique, ou d'historique, ou un truc du style. Mais ce nom… Von Phantom… Cela lui picotait la mémoire, il n'arrivait pas à comprendre pourquoi. Il semblait que ce nom ne lui était pas inconnu.

Il passa alors le reste de la matinée gribouillant d'étranges symboles sur son cahier, n'écoutant pas du tout le professeur à l'autre bout de la salle, plongé dans son esprit, vagabondant. Il était déboussollé.

Pas tellement à cause du changement de lycée et de ville, non, ça il en avait l'habitude désormais. Il ne se liait pas trop aux autres gens autour de lui, seuls quelques exceptions arrivaient parfois, et il gardait contact par téléphone, facebook ou autres messageries instantanées lorsqu'il avait du temps entre les cours et les missions de chasse et d'apprentissage avec son père.


Il détestait cela, mais il n'avait pas le choix. Son père lui rétorquait à longueur de journée que le devoir de leur famille était de protéger l'humanité de ces immondes êtres qui buvaient leur sang, c'était le prix de la connaissance. Il était encore un peu jeune pour vraiment comprendre ce que tout ceci impliquait, mais il faisait pourtant ce que Joe lui disait et suivait ses enseignements avec attention la plupart du temps.

Mais là, il était sûr de louper quelque chose…


Et puis la pause de midi sonna. Zut. Il sortit, vit un homme au style étrange vers lequel se dirigea Brünhilde, et bien que ce n'était pas le genre de choses qui le dérangeaient, il vit ses iris couleur de sang, et se dit que quelque chose n'allait pas.
Cela ne pouvait pas être de simples lentilles… Non… Et puis le nom lui revint en tête.
Son père lui avait déjà parlé de cette famille.

Quel con. Ce n'était, en plus de ça, pas n'importe laquelle : la famille souveraine. Rien que ça.
Et maintenant, il se retrouvait, le premier jour de lycée, à s'asseoir à côté d'une fille qui portait leur nom, parlant et mangeant avec un inconnu aux iris rouge sang, ayant elle-même des yeux rose… Tout ceci ne pouvait pas être une simple coïncidence.


Il décida de creuser un peu, histoire de ne rien dire à son père avant d'être sûr. Et puis il avait envie de s'occupper de ça tout seul. Il en avait un peu marre de toujours avoir son père sur le dos…

Il les scruta de loin, essayant de rester discret, tout en allant s'acheter de quoi manger, puis décida de voir s'il pourrait aller leur parler.


Il s'approcha ensuite d'eux nonchalamment, son repas à la main, son sac de l'autre, et regardait l'homme, sa curiosité visiblbement piqué au vif, tout en arborant un sourire.

« J'te dérange ? J'peux manger avec vous ? » demanda-t-il à la jeune fille, attendant sa réponse. Il espérait qu'elle serait moins… Froide que ce matin.

Brünhilde était entrain d’essayer d’avaler cette « soupe », qui en réalité n’en était pas une. Il s’agissait du sang de Kraken, qu’il avait collecté le matin même et avait versé dans une boite en plastique pour pouvoir le transporter. La jeune fille n’en avait pratiquement rien avalée. Les deux vampires s’étant mit à l’écart des autres, dans le parc, car ce sang sentait fort. Il ne fallait pas éveiller les soupçons.

C’est alors que le nouveau, dont elle ne connaissait toujours pas le nom, arriva vers eux. Brünhilde se mit à tremblait un peu, mais cela était à peine perceptible, elle regardait Kraken, ne sachant quoi faire, comme totalement impressionnée, ne sachant que faire, prise au dépourvu… La compagnie des humains, ce n’était pas du tout son fort.

Elle essaya de prononcer une phrase, en réponse de la question du garçon, mais ses lèvres bougèrent sans qu’un seul son ne puisse sortir de ses cordes vocales. C’est alors que Kraken prit les devant. Il regarda Alan en souriant, son accent ayant un conotation scandinave.

Kraken : Bien sur, joignez-vous donc à nous, je suis certain que Mademoiselle en serait enchantée.

Il regarda sa « maîtresse » avec un petit sourire en coin, apparemment, il était de mèche avec son père pour qu’elle se fasse des amis, humains ou bien vampires.

Kraken : Oh, mais donnez-moi ceci, je sais que vous n’en avalerez pas d’avantage…
Avait dit Kraken, en prenant la boite dans laquelle se trouvait son sang, pour ne pas que l’humain s’interroge sur l’odeur. Il ouvrit donc la boite dans laquelle se trouvait la nourriture humaine, les gateaux fourrés à la crème et aux oréos. La vampire s’empressa d’en prendre un pour le fourrer dans sa bouche, comme une petite enfant face à son pêcher mignon.

Kraken : C’est donc vous le nouvel élève dont Mademoiselle m’a parlée ? Je suis Kraken. Oh et pardonnez ma Maîtresse, elle n’est jamais très bavarde, étant assez timide.

Brünhilde le regardera, stupéfaite.

« Kraken, enfin !! », elle baissa les yeux juste après cela, mangeant à nouveau un gateau, ses joues rosirent un peu.

« Je…je suis désoler pour mon comportement ce matin… Mais… Je ne parle pas à beaucoup de monde au lycée… »

Lorsque Alan vit Kraken reprendre l'étrange boîte contenant ce qui ressemblait à de la soupe, il leva un sourcil, curieux, puis cessa d'y prêter attention lorsqu'il lui répondit à la place de Brünhilde, qui semblait un peu mal à l'aise.

Il afficha un encore plus grand sourire et s'asseya en réponse à Kraken, et lui dit : « Ouaip c'est moi, je suis nouveau dans ce lycée. Moi c'est Alan. »
Lorsque Brünhilde réagit à ce que Kraken venait de dire et s'excusa, il se dit que finalement elle n'avait pas l'air de le snober en fin de compte, elle était juste mal à l'aise…

Il avait quant à lui en main un plateau contenant son plat favori : des frites et un gros hamburger, qu'il aimait saignant. Son père n'aimait pas qu'il mange ce genre de nourriture évidemment, pour des raisons de santé et puis parce que la viande saignante lui rappelait les êtres qui lui avaient pris sa femme, deux ans auparavant… Mais lui n'en avais que faire, c'était juste du bœuf, c'est pas comme s'il mangeait quelqu'un, quoi.

Il entama son hamburger avant de répondre, puis après la première bouchée il lui dit : « C'est pas grave, je connais. »
Il finit ensuite en soupirant, visiblement agacé : « Je suis arrivé hier, mon père et moi on déménage assez souvent… C'est très chiant mais on n'a pas trop le choix, alors je m'y fais. »

Il continua son hamburger, réfléchissant à ce qu'il lui dirait ensuite.
Il avait en tout cas bien envie de lui demander pourquoi elle lisait un livre arborant son nom, qui était le même que celui de la plus célèbre famille de vampires… Mais il avait trop faim pour réfléchir correctement, alors il attendit un peu et en profita pour continuer ce qu'il mangeait.

« Dis c'est quoi ce livre que tu lisais, ce matin ? Ça a l'air bien vieux. » fit-il ensuite, en faisant une pause. Il jeta un œil gourmand aux gâteaux qui semblaient délicieux.

Intérieurement, Brünhilde semblait soulagée. Bien que l’humain lui parlait, il semblait être une personne facile, qui ne se posait pas trop de questions. Tant mieux pour elle, car il était la première personne « humaine », avec qui elle avait une discussion de plus de deux minutes. Elle se dit qu’elle devait simplement être elle-même, sans forcément raconter sa vie de long en large, comme ces files humaines curieuses et sans aucune retenue…

« Le livre ?... Il s’agit simplement d’un livre sur la généalogie de ma famille, je recherche quelques informations… Parce que je… »

Oui, elle désirait savoir si elle était la seule du clan à ne pouvoir se nourrir que de sang de vampire pour survivre. Bien sur, tout les vampires étaient capable de manger de la nourriture humaine mais cela ne les rassasiés pas.

Mais elle venait de s’arrêter de parler, elle ne savait pas quoi dire comme prétexte à cet humain…

« C’est une vieille famille… Et… »

Totalement paniquée, elle commença à haletait, serrant ses vêtements avec ses mains. Kraken vint près d’elle et lui toucha les mains avec les siennes.

Kraken : Mademoiselle souffre d’une maladie héréditaire et cherche à savoir qui dans la famille souffrait du même mal.

Brünhilde était choquée, elle leva sa main gauche et gifla Kraken en pleine joue. Le domestique ne semblait absolument pas étonné du tout, et avait encaissé la claque sans broncher. La vampire se leva tout à coup.

« Qui t’a donc permis de dire autant de choses sur moi à un inconnu !! Tu me dois obéissance ! »

Kraken se leva alors, se baissant pour faire une révérence d’homme.

Kraken : Veuillez me pardonnez Mademoiselle… Je pensais bien faire…

Celui-ci commença à ranger le repas, vu l’attitude de Brünhilde, au bord des larmes, elle se plantait ses ongles dans son bras. Elle allait exploser, il fallait vite rentrer.

« Tiens, je te laisse quelques gateaux, je ne pourrais pas tous les manger, je suis sur que tu vas aimer, ils sont très bon. Au revoir »

Et elle s’éloigna vers l’Alfa Roméo noire garée devant le lycée. Kraken parti après elle, laissant les gâteaux à Alan et s’excusant encore.

Brünhilde ne vint donc pas en cours, mais en faite, elle ne vint pas pendant quatre jours, du coup le professeur demanda qui voulait bien amener les devoirs et les cours à la jeune fille.

Lorsque Brünhilde s'arrèta en pleine explication, bégayant, ne sachant pas quoi dire, il regretta ce qu'il venait de lui demander, et dans le même temps il était encore plus intrigué. C'était donc bien un livre sur sa famille…

Il était visiblement mal à l'aise d'avoir mis cette jeune fille qui en fin de compte ne lui avait rien fait dans cet état de panique. Mais il se demandait bien pourquoi elle paniquait comme ça, sauf si elle avait quelque chose qu'elle ne voulait pas lui dire…

Ce qui lui fut confirmé lorsqu'elle réagit à la prise de parole de Kraken, qui avait tenté visiblement de lui venir en aide, ce qui ne lui avait manifestement pas plu du tout, ce qui se solda par une gifle qui fit sursauter Alan qui ne s'y attendait absolument pas.



Elle souffrait donc d'un mal, sur lequel elle se documentait, et portait le nom de la famille souveraine des vampires, et ce qui lui paraissait désormais comme son domestique - qui en avait, hormis dans les anciennes ou très riches familles, de nos jours ? - ne faisait qu'ajouter à ses soupçons.


Il était mal à l'aise, d'un côté parce que si elle était bien ce qu'il pensait, il se pouvait que lui et potentiellement tout le reste du lycée et des environs courent un grave danger, à moins qu'elle ne souffre de quelque mutation l'empêchant de nuire, et qui expliquerait pourquoi elle semble tant s'intéresser à son histoire familiale pour potasser un livre ressassant sûrement des siècles d'histoire familiale ?

Il se ressaisit.
Non mais n'importe quoi… pensa-t-il alors. C'est sûrement une vampire… Mais je veux en savoir plus avant de dire quoi que ce soit à Papa. se dit-il pendant que Brünhilde réprimandait Kraken.


Il se dit qu'il valait mieux ne rien faire paraitre pour l'instant, mis à part son malaise dû à la réaction de Brünhilde, qui lui laissa des gâteaux et partit plutot… précipitamment. Il eut à peine le temps de comprendre, leva alors la tête, extrêmement gêné d'avoir posé cette question mais aussi par ce qui l'obsédait alors de plus en plus, et eu juste le temps d'articuler un « Merci, désolé… » avant qu'elle ne parte, et décida ensuite de ne plus penser à cela jusqu'à ce soir et dévora les gâteaux et le reste de son repas.


Le reste de l'après-midi ne fut pas plus productif pour lui, il ne suivait pas plus les cours que ce matin, extrêmement perturbé par sa rencontre de ce matin. Il décida même de se placer seul, au fond de la classe, là où Brünhilde s'était assise ce matin, gribouillant toujours des symboles dont il ne comprenait pas réellement le sens, il savait uniquement qu'il les avait vus dans des livres de son père, des livres anciens et d'un aspect assez similaire à celui que tenait la jeune fille ce matin.

Il ne dit rien à Joe ce soir-là, trop absorbé. D'ailleurs ce dernier s'intéressait peu à sa vie scolaire, se bornant à lui demander si ses journées se passaient bien et à lui inculquer les bases de ce qu'il considérait être leur devoir familial.

Les quatre jours qui suivirent ne furent pas mieux, il bullait en cours, commençait à être étiqueté par les profs comme un rêveur pas très sérieux qui n'écoutait rien, même s'il s'était mis à écrire les cours malgré tout, il devait tout de même suivre et garder le niveau.
Ceci dura jusqu'à ce qu'il eut une idée, lorsqu'un professeur mentionna la jeune fille, et les cours et devoirs qu'elle avait loupés… Il se dit qu'il se rattraperait et les lui porterait ; ce qui ferait un excellent prétexte pour aller la voir chez elle s'excuser en face, et pourquoi pas faire plus ample connaissance ?

Le professeur accepta, visiblement agréablement surpris qu'Alan s'intéresse enfin aux cours. Alan demanda alors où habitait Brünhilde, pour pouvoir aller lui porter ce qu'elle avait manqué ces derniers jours…

Brünhilde n’était pas aller au lycée depuis environ quatre jours. Depuis que Kraken avait donné certaines informations à Alan, le nouvel élève humain de sa classe. Déjà qu’elle se sentait mal à l’aise quand un des élèves du lycée lui adressait la parole, ici, elle devra éviter un élève en particulier maintenant. Mais sachant qu’il avait une place juste à côté d’elle, cela allait être difficile. De plus, la vampire était bien plus timide quand elle était en dehors de chez elle. Que faire… Que faire…

En colère contre Kraken, elle l’avait puni en conséquence. Pendant ces quatre jours, elle s’était nourrit de son sang, à l’excès, jusqu’à même s’en faire vomir, puisqu’habituellement, elle ne réussissait à boire que quelques gorgées par jour. Alors que la, elle avait presque bu la moitié du sang de son domestique.

Epuisé, Kraken était dans sa chambre entrain de se reposer, la princesse vampire aussi, encore un peu malade de tout le sang qu’elle avait ingurgitée. La famille Von Phantom habitait dans le quartier riche, dans un manoir victorien sublime. La sonnette retentie. Une domestique, vampire, bien sur, alla ouvrir. C’était Alan… Un humain ici ?

Peu habituel, mais personne ne pipa mot. La famille Von Phantom, souveraine du peuple de la nuit, était un exemple pour tous, ne buvant que du sang d’humain venant des banques de sang, ou bien de la morgue. Ils ne tuaient absolument personne. Et comme eux, leurs domestiques étaient eux aussi au même régime.

Donc, une domestique amena Alan jusqu’à la chambre de Brünhilde. Celle-ci était grande, de couleur sombre, avec un piano à queue, une grande bibliothèque, une armoire et une coiffeuse, mais aussi une petite table près de la fenêtre, ou on avait amener du thé et des petits gâteaux.

La domestique partie, la vampire se leva de son lit, en chemise de nuit noire en dentelle, avec un colle roulé et de longue manches. Elle alla s’asseoir à la petite table.

« Alan ?... C’est le professeur qui t’a dit de venir ? Viens donc t’asseoir, désires-tu du thé au lait ? »

Elle semblait avoir prit du poil de la bête, n’étant plus aussi timide qu’en cours. Cela était aussi dû à tout le sang qu’elle avait bu. Elle se servie alors une tasse, et prit un petit biscuit sec.

Alan sortit de cours, à la fin de la journée, et alla directement voir Brünhilde, chez elle.

Il allait voir sa maison. Sur le chemin, il se posait des questions sans arrêt, se demandant si c'était bien intelligent, étant donné qu'il n'avait toujours pas mis son père au courant…

Il se sentait mal rien que d'imaginer sa réaction quand il apprendrait la chose.
Mais il voulait mener l'enquête seul, pour une fois. Et puis pour le moment il n'avait encore eut vent d'aucun fait divers pouvant indiquer la présence de vampires, cela pouvait très bien être autre chose, et les accuser à tord n'amènerait rien de bon.

En plus il arrivait juste, il n'avait pas envie d'encore repartir, pas si tôt…

Lorsqu'il aperçut la superbe demeure, il resta bouche bée. Merde elle a l'air d'être vraiment riche, en fait… pensa-t-il. Il passa la main sur ses manches, comme pour enlever la poussière et se redressa le dos. Il se sentait un peu mal à l'aise, lui qui n'était pas du tout du même milieu semblait-il…

Il suivit la domestique qui lui montrait le chemin et l'accompagnait jusqu'à la chambre de Brünhilde, et resta, une fois de plus, sans rien dire devant ce qu'il avait devant les yeux.

Il réussit tout de même à reprendre ses esprits lorsque, pour une fois, ce fut elle qui démarra la conversation. Et elle semblait être moins timide. Quelque part, il en fut soulagé.

Ne pas l'avoir vu plusieurs jours après l'avoir faite partir précipitamment l'avait rendu mal à l'aise, il se sentait coupable.


Il se dérida.

« Salut » fit il en un sourire un peu gêné.
« En fait il a demandé qui pouvait te porter les cours et les devoirs, et comme t'es à coté de moi… Et que… Bah c'est un peu ma faute si t'es pas venue ces jours ci… Bah je t'amène de quoi pas louper les cours quoi. » Il n'en revenait pas. Lui qui d'habitude montrait une aisance à toute épreuve, là il peinait à articuler deux mots à la suite.

Il réussi néanmoins à ajouter « oui, merci. Ça va mieux toi ? » lorsqu'elle lui proposa du thé.


Il se dit qu'elle semblait vraiment aller mieux, bien moins réservée que le jour où ils s'étaient vus, qui était au passage son premier jour dans ce lycée, qui n'avait semble-t-il pas très bien démarré.

Brünhilde servit alors une tasse de thé au lait à Alan et la lui tendit. Elle prit après cela, une petite assiette qu’elle garnie en se servant de petits gâteaux secs, bien qu’elle n’en prit que deux. Elle avait certes un pêcher mignon pour les pâtisseries et les gâteaux des humains, mais ayant une santé fragile, elle en mangeait peu.

« Si je me sens mieux ?... Oui, en un sens. », elle prit une gorgée de thé et reprit « Quand je suis chez moi, et entourée de personnes connues, je suis normale. C’est quand je sors du manoir que je me sens mal, et que je suis maladivement timide… »

Elle regarda l’humain en face d’elle. Ces yeux… Ils étaient d’une couleur profondement belle. La vampire se surpris à rougir doucement. C’était étrange, jamais un humain lui avait faire ressentir ce genre de sentiment.

« Merci pour les cours, c’est gentil de ta part. D’ailleurs, ne t’étonne pas d’avenir si tu ne me vois pas prendre des notes ou suivre les cours en classe. Je travail chez moi le soir pour pouvoir faire d’autres choses pendant les cours, le professeur est au courant. Donc si tu as besoin d’aide pour rattraper les leçons que tu as ratées, je peux te prêter mes cahiers. »

Elle se mit à manger un petit gâteau, tout doucement. Soudain, quelqu’un frappa à la porte :
« C’est Kraken, Mademoiselle… », celui-ci semblait avoir un ton un peu plus soumis. Il entra, ses yeux étaient emplit de cernes bleuâtres. Il tenait un verre à pied, avec ce qui semblait être du vin, remplissant la moitié de celui-ci. Bien que cela semblait être du vin, il émettait une odeur plus prononcée. Kraken avait des pensements un peu partout sur le corps, enfin, sur les bras et le cou. Le reste était caché par ses vêtements.

« Votre médicament habituel… », dit-il, ne prêtant même pas attention à l’invité. Il s’inclina et sorti, fermant la porte derrière lui. Il avait bien sur, posé le verre sur la table de nuit de la jeune fille.

Celle-ci se leva et vint prendre le verre, se rasseyant en face d’Alan, elle commença à boire quelques gorgées, mais assez peu. Reposant le verre près d’elle juste après.
Soudain, elle devint un peu plus génée.

« S’il te plait… Ne fait pas attention aux rumeurs qui circulent sur moi au lycée… »

Alan but lentement son thé, il voulait en savourer chaque goutte. Il adorait ça. Il se servit quelques gâteaux secs, et les mangea entre deux gorgées. Lorsque Brünhilde lui répondit, il ne la vit pas rougir de suite, il avait du mal à la regarder en face, sans vraiment savoir pourquoi.

Il se contentait de regarder sa tasse en buvant.

Il attendit un peu, préférant se calmer, avant de lui répondre, sur un ton plus assuré : « Okay, c'est bon à savoir alors. j'prends note. »

Il finit son thé, et leva les yeux vers celle qu'il ne voyait pourtant que pour la troisième fois de sa vie. Ainsi habillée de noir, même si ce n'était qu'une chemise de nuit, il la trouvait bien plus jolie que quelques jours plus tôt encore. Et ses yeux rose pâle ressortaient magnifiquement.

Il continua, tout en la regardant sans le vouloir dans les yeux pendant qu'elle semblait faire de même : « Merci, c'est gentil à toi… Les profs ont pas trop l'air de m'aimer. Ptet que c'est parce que je suis encore nouveau et que j'ai eu un peu de mal à suivre… » Il baissa alors la tête, gêné.


Et c'est alors qu'il vit entrer Kraken, blême, de grosses cernes sous les yeux et pansé d'un peu partout. Alan se retourna vers lui, interloqué. Il n'avait pas l'air dans son assiette, mais il ne dit rien pour autant.

Il vit le verre à pied contenant un liquide rouge qui ne sentait pas du tout le vin… Cela ressemblait très fort à du sang. Et là, une question le démangea, celle qui le taraudait depuis qu'il s'était rendu compte qu'elle portait le nom d'une célèbre famille de vampires. Mais il n'osait pas la poser, il avait trop peur de la choquer, et si c'était réellement le cas, il se demandait bien comment elle réagirait, une fois qu'elle saurait qu'il est au courant…

Et c'est lorsqu'elle lui parla de rumeurs qu'il lui dit, interrogé : « Quelles rumeurs ? j'suis là depuis pas longtemps, j'ai pas vraiment trop fait gaffe… »

Il voulait vraiment lui demander si elle était une vampire… Mais il n'osait pas… Pas encore… Il ne semblait plus vraiment à l'aise, mais un peu gêné au contraire.

Brünhilde était toujours assise sur sa chaise en face d’Alan, mais elle se sentait de plus en plus mal à l’aise. Pourquoi était-il là au juste ? Les devoirs étaient vraiment la seule raison de sa venue, ou était-il intéressé par quelque chose d’autre ? A cette pensée, la vampiresse rougit encore quelque peu. Mais qu’était donc ces sentiments qu’elle s’était soudain mise à ressentir. Que signifiait tout ceci ? Ce n’était pas juste, ce dit-elle. Un vampire ne tombe amoureux qu’une seule fois dans toute son existence. Non, ce ne pouvait pas être lui son grand amour… Non, il y avait surement une autre solution. Oui, c’est ça, après tout, elle n’avait pas encore ressenti « l’attache ». L’attache, étant le nom donné au « coup de foudre » ressenti par les vampires pour leur grand amour. Ce qui rassura un tant soit peu notre princesse.

Mais tout de même son esprit était taraudé dans tous les sens à cause de cet humain qui n’en faisait qu’à sa tête ! Elle qui désirait être tranquille et que personne ne la remarque, voilà que le nouveau venu se met à le coller comme une sangsue depuis son arrivé… Elle ne voulait pas cela.

« Les rumeurs, comme quoi je suis une fille bizarre, qu’il ne faut pas fréquenter »

Les yeux roses de la jeune fille se mirent à fixer sa tasse de thé au lait encore à moitié pleine. Il ne fallait pas tourner autour du pot de toute façon, elle devait vite régler cette histoire. Finalement, elle prit le verre à pied, et en absorba encore quelques gorgées, pour se donner du courage. Elle déposa alors doucement le verre sur la table. Et se mit à regarder Alan de son regard rosé, devenu presque mystique, essayant de lire son âme. La voix de Brünhilde devenue soudainement bien plus froide que précédemment.

« Alan… Que vient tu faire ? Pourquoi es-tu là ? Pourquoi me colles-tu comme cela ? Dit moi la vérité… »

Lorsque Brünhilde lui parla des rumeurs qui couraient sur son compte, Alan fit un sourire gêné et dit : « Oh tu sais les rumeurs… Y'en a un rayon sur ma famille aussi, j'connais… »

Il ne savait plus trop quoi lui dire, par où aller… Devait-il lui dire ce qu'il pensait savoir sur elle ? Ou…

Il s'arrêta au milieu de sa pensée.
Il n'avait pas remarqué, depuis qu'il était arrivé, qu'il avait quasiment fait une fixation sur cette pauvre fille, qui sortait du lot certes, mais qui ne lui avait rien demandé.
Et si c'était lui qui se trompait ? Si elle ne portait ce nom que par pure coïncidence ?

Il était de plus en plus perdu, et bien qu'ayant été habitué à ne jamais prendre la moindre « coïncidence » à la légère, il n'était plus si sûr de vouloir lui poser cette question.

Et c'est alors que le ton de la jeune fille changea brutalement, lorsqu'elle lui lança la question qui ne fallait pas.


Il sortit de ses pensées et prit son courage à deux mains. Son air désinvolte et un peu gêné disparu, il baissa la tête, cachant ainsi son regard qui était devenu froid.

Sa voix ne laissait plus entendre aucune émotion.
« Tu veux la vérité ? Eh bien mon père et moi descendons d'une famille de chasseurs. Et il se trouve que tu es une vampire. Je me trompe ? »

Il continua, après avoir bu un peu de thé.

« Qu'on s'entende bien : j'suis pas comme mon père, 'on tue d'abord et on demande après'.
Dis moi, t'as déjà tué quelqu'un ? »
Lorsqu'il sortit cette seconde question, il releva la tête. Il semblait plus interrogé et inquiet que menaçant.

Oui, il avait un peu peur de sa réaction, sans trop savoir pourquoi…

Finalement, la vampire, après avoir posée le verre à pied remplit de sang, le reprit entre ses doigts. Il fallait qu’elle boive un peu plus, sinon elle ne pourrait pas récupérer ses forces qu’elle avait perdues en « vomissant » le sang qu’elle venait de voler, le matin même, à Kraken en guise de punition. Par contre, elle n’allait bien sur pas pouvoir absorber le contenu entier du verre, cela serait bien trop pour elle.

Pendant qu’Alan lui répondait, une envie de se goinfrer de petits gâteaux lui prit. Oui, Brünhilde avait beau ne pas pouvoir trop manger, elle adorait manger des pâtisseries. Surtout celles-ci… C’était Kraken qui les avait fait. Il s’agissait d’une recette scandinave, de son pays de naissance. Des petits gâteaux au gingembre en forme de nuage. Inconsciemment, la jeune fille se lécha la lèvre supérieure, pas par envie de sang, mais par envie de ses petits gâteaux délicieux.

« Des rumeurs ? Sur ta famille ? Pour ma part, je ne la connait pas » avait-elle finit par dire, souriant un peu, bien que toujours un peu distante et froide.

C’est alors que l’humain devant elle posa des questions fatidiques… Brünhilde fut tout de suite sous le choc, ses yeux roses vibrant d’angoisse. Malheureusement ses doigts lâchèrent le verre, qui tomba dans le vide de la pièce pour s’écraser sur le sol en moquette rouge bordeaux. Le sang ne jura pas trop donc, avec la couleur du sol. Elle se leva sans s’en rendre compte, mettant ses mains sur sa bouche, choquée.

« Quoi ?... Un hunter ?... Mais notre famille… Notre famille est la souveraine… Notre famille… Et tout nos domestiques sont pacifistes… Jamais les hunters ne se cachent devant nous… Ils viennent faire des contrôles surprises bien sur… Pour voir si un des membres de notre famille « craque » et boit du sang humain… Mais nous nous y tenons toujours… Père et les autres se nourrissent de sang humain, certes… Mais celui-ci provient de cadavres, ou de poches de sang… Ou du substitut de sang… Nous ne sommes pas comme ces « carnivores »… »

Finissant par se calmer un tant soit peu, elle s’asseya à nouveau sur sa chaise, tremblante un peu. Elle avait peur, que devait-elle répondre… Elle n’avait rien faire de mal…

« M…moi ?... Je… Vois tu, je ne peux me nourrir que de sang… De vampire… Pour survivre… Je suis la seule, dans ce cas la… »

Les larmes coulèrent sur ses joues, incontrôlables. Elle se mit à murmurer.
« Kraken… »
C’est alors que l’intéresser ouvrit la porte et vint près d’elle, la prendre contre lui, pour calmer une angoisse qui arrivait. Cette angoisse se manifestait assez progressivement. D’abord, elle tremblait, sanglotant sans bruit, puis elle se mordait avec ses crocs, et enfin elle se débattait et hurlait.

Kraken l’allongea sur le lit et se tourna vers Alan.

Kraken : Excusez ma Maîtresse, elle ne se sent pas très bien. Sans vous commander, voudriez-vous bien la laisserr pour aujourd’hui ? Elle répondra prochainement à toutes vos questions, quand elle se sentira mieux.

Alan était inquiet quant à ce qu'elle pourrait bien lui répondre. Il venait de lui dévoiler le fond de sa pensée ; avait-il déjà vu juste ?
Il se rendit compte que ce qu'il venait de faire était idiot.
Elle pourrait très bien décider de s'en prendre à lui, et personne n'en saurait rien…

Quoique son père finirait par découvrir cela et il le leur ferait payer très cher, à elle et tout sa famille.

Ces buveurs de sang… pensa-t-il, une larme coulant sur sa joue en pensant à sa mère, pendant qu'il écoutait Brünhilde se justifier en tremblant.
Il n'avait même pas fait attention au verre qui s'était brisé avec fracas sur le sol, sous le choc de la révélation qu'il lui avait faite.


Lorsqu'elle lui révéla ensuite sa particularité, il bloqua.

Elle… Si elle disait vrai… Sa famille et elle n'étaient donc d'aucun danger ?
Mais et ce vampire qui avait tué sa mère ?… Son père qui cherchait désespérément à le retrouver, à se venger de lui, tuant au passage tous les vampires qu'il croisait sur sa route sans aucun remords ?

Alan était complètement perdu, il ne savait plus quoi penser, lorsque Kraken entra sous la demande de la pauvre jeune vampire qui angoissait.
Il se sentait mal à l'aise d'avoir provoqué cet état en elle, coupable d'avoir aussi ouvertement avoué ce qu'il faisait…

Mais si c'était vrai… Ils étaient en danger…

Joe n'était pas un chasseur extrêmement coopératif, il tuait sans hésitation, tout ce qui ressemblait de près ou de loin à une menace, et les vampires innoffensifs, il n'y croyait pas. Ça il le savait.

Il répondit à Kraken, en baissant la tête, pensif et honteux, en se tournant vers la porte : « Oui… » et repartit sans dire un mot.



Ce soir-là, il rentra chez lui en traînant des pieds. Il ne savait vraiment plus quoi penser.
Lors du repas, Joe, qui l'avait remarqué, lui demanda :
« Hey fils. Pourquoi t'es arrivé si tard ? T'as un souci au lycée ? »

Alan mit un moment avant de répondre, la tête basse.
« Non… J'ai juste rencontré une… Une fille… » Oups, il avait failli dire que c'était une vampire… Il ne fallait pas. Ce n'était pas dans ses habitudes de cacher ce genre de choses, mais pourtant il sentait qu'il ne devait à aucun prix le lui dire.
À ces mots, son père sourit.
« Elle t'a tapé dans l'œil c'est ça ? Ahah.
- Non, c'est pas ça… Enfin si… Enfin je sais pas… » répondit-il, bégayant.

Il finit son repas sans dire un mot, puis parti dans sa chambre, réviser un peu pour le lendemain.


Le lendemain matin, il se rendit au lycée aussi vaseux que la veille. Toujours la même interrogation qui tournoyait sans cesse dans son esprit.
Disait-elle vrai ? Mentait-elle pour sauver sa peau ?
Que devait-il faire ?…

Il entra dans la salle de classe sans faire attention à quoi que ce soit, et alla s'asseoir machinalement à la place qui lui était devenu familière.

Une fois qu’Alan fut enfin parti, un hurlement se fit entendre dans tout le manoir. Elle était en pleine crise… Des souvenirs revenaient en elle. Son frère jumeau… Cet atroce individu… Mais qui partageait le même sang qu’elle… Celui qui l’avait soumise toutes ses années… A l’époque, ils se nourrissaient mutuellement. Puisque tout les deux étaient nés avec cette particularité. De ne pouvoir boire que du sang de vampire. Puis en grandissant, il n’acceptait pas que Brünhilde aille voir ailleurs alors que lui buvait le sang de tout les domestiques… Jusqu’à les vider, et les tuer, sans scrupules… C’est alors que leur père réagit, en souverain des vampires qu’il était… Il enferma, à contre cœur, son fils, dans les cachots du Conclave, le Conseil qui aidait son père à gouverner. Les cachots étant pour les vampires carnivores dangeureux, attraper par les vampires pour être juger en collaboration avec la Guilde des Chasseurs.

C’était surtout pour cela que souvent les chasseurs venaient à l’improviste au manoir. Ils savent que Lawrence, le père, et le reste de la famille et des domestiques n’étaient pas un danger, mais Brünhilde pouvait le devenir si elle perdait la raison, comme son frère. Ce qui n’arrivera pas de si tôt, puisqu’elle ne peut pas boire plus de 10 petites gorgées de sang de vampire par mois sans devenir malade.

Lawrence alla donc voir sa fille, après avoir entendu le hurlement, la consolant doucement. Mais elle ne tenue pas, et lui déclara tout ce qui venait de se passer, entre Alan et Brünhilde, elle lui révéla aussi qu’elle n’était pas sur de ses sentiments pour cet humain, et qu’elle avait peur…

Il lui sourit et parti. Le lendemain, Brünhilde resta au manoir. Mais Lawrence se fit conduire au lycée, attendant ce Alan devant, en compagnie de Kraken, pour qu’il le reconnaisse. Il fallait qu’il parle avec le jeune homme, pour tout lui expliquer à tête reposé.

Plongé dans ses esprits, il ne remarqua pas de suite l'absence de Brünhilde, chose qui de toute façon était courante en ce moment, ce qui n'aida pas.
Il suivait la journée tant bien que mal, se questionnant sur ce qu'il ressentait, pourquoi il agissait de la sorte, pourquoi son père tenait tant à exterminer toute une race si celle-ci n'était pas complètement dangereuse… Après tout, les tueurs sanguinaires existent aussi chez les êtres « humains », et il suffit de se tenir un peu informé pour s'en convaincre…


Son père, Joe, avait perdu sa femme deux ans auparavant.
Tuée par un vampire, lors d'une mission assez dangereuse, qui avait d'ailleurs failli lui coûter la vie ausi.
Il s'était pas mal documenté sur la hiérarchie vampirique, mais agissait depuis l'accident presque entièrement en solitaire, embarquant son fils dans ses missions dangereuses, lui expliquant pourquoi il devait le faire, que c'était leur mission de débarrasser la Terre de ces « créatures du mal ».

Il était contre tout rapprochement, et ne croyait absolument pas en l'existence de vampires pacifiques, pour lui, l'instinct reviendrait forcément un jour, et à ce moment-là il serait trop tard pour agir. Il s'était donc investi d'une mission de la plus haute importance, tout du moins pour lui. Il n'acceptait que très mal tout point de vue divergent… Ce qui avait évidement fait des étincelles avec la Guilde des chasseurs, et il avait décidé depuis lors de ne plus tenir compte de leur avis.
Il faisait désormais cavalier seul.



C'est pourquoi Alan ne dit mot sur ce qu'il venait d'apprendre de Brünhilde. Lui était encore jeune, il n'était pas aussi empli de hargne que son père.
Non, lui il était juste… Malheureux. Malheureux de ne vivre qu'avec son père, qui n'était pas tendre avec lui souvent, même s'il y avait tout de même de bons moments… Mais sa mère lui manquait terriblement…


La journée finit, tant bien que mal. Alan se dirigea hors de la salle de classe, songeur, et en sortant du lycée, il tourna la tête et reconnu immédiatement Kraken, accompagné d'un homme inconnu.

Son cœur fit un bond lorsqu'il les vit ; il se calma, respirant profondément, puis se diragea vers eux, ne sachant pas vraiment à quoi s'attendre…

Lawrence vit alors un jeune garçon, semblant convenable arriver près de Kraken. Après une mini discussion, ils se rendirent au manoir avec lui. Et entrèrent dans son bureau. Une pièce chaleureuse, avec une grande cheminée et de la moquette au sol. Il lui servit un thé au lait, et lui, se servit un verre de vin, du vrai vin cette fois ! Il en savourait tout le parfum… S’assit alors à son siège.

« Donc… Ma fille m’a tout raconté à ton propos. Et ne t’en fait pas, nous ne te voulons aucun mal. Je t’ai fait venir ici pour que tu puisse me poser toutes les questions que tu as dans la tête à propos de notre famille ou de mon peuple… De plus, si tu désir ensuite voir Brünhilde, j’y concentirais. »

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Desoler ma rep est assez courte, je ferais plus long après

Alan accompagna Lawrence à leur manoir, et s'asseya lorsqu'il y fut invité, et but lentement le thé au lait.

Il était un peu anxieux ; il avait bien compris ce qu'il lui avait dit, mais néanmoins une pointe de méfiance subsistait, au fond de son esprit…

Il s'éclaircit la gorge, visiblement gêné, puis après une hésitation un peu longue, arriva à prendre la parole.

« Eh bien voilà… Mon père est chasseur depuis longtemps, il m'a… formé à ça, et on a déjà… Enfin surtout lui… » Il s'arrêta, visiblement encore plus gêné de dire cela devant un vampire, de sang royal qui plus est.

« Tué… Il m'a toujours dit que vous étiez des êtres démoniaques et sanguinaires, qui tuez les gens et êtes une menace pour la Terre entière… Que vous deviez être exterminés tous… Mais… Mais moi… » il commençait à angoisser en prononçant cela, c'était plus que visible désormais. Il avait peur.

« Je sais pas quoi penser… Je connais tout cela que de ce qu'il m'en a dit… Des missions qu'on a faites… Je l'ai vu décapiter des gens qui ressemblaient à n'importe qui, mis à part les crocs… De sang froid… » À sa surprise, il commençait presque à pleurer.

À dire vrai, il était en train de craquer.

Il souffla, tenta de se calmer, puis repris.

« Votre… Votre fille… Elle est très belle… Vous… Elle m'a dit que vous ne tuiez personne… C'est vrai ? »

Il s'arrêta ensuite, reprenant sa respiration. Il était à bout de souffle.

Lawrence écoutait en silence l’humain en face de lui. Celui-ci semblait perturbé par ses pensées. Il fallait qu’il l’aide, qu’il l’aide à comprendre. Les humains n’étaient pas les ennemis des vampires pour Lawrence, ils étaient des frères, des frères différents.

Il regarda le garçon de ses yeux marron-rougeâtre, et sourit alors. Bien qu’un sourit distant, mais pas contre lui, il était comme ça, c’est tout.

« Je vois, tu es un peu perdue, c’est cela ? Je vais t’expliquer. Oh, oui, n’est-ce pas ? Brünhilde est magnifique… »

Les yeux de Lawrence étaient remplit de chaleur, cela se voyait qu’il aimait profondément sa fille.

« En effet, elle ne t’a pas mentie. Ma famille, ainsi que tout nos domestiques ne se nourrissent que de sang en poche. Tout comme les membres du Conclave, le Conseil décideur qui m’apporte leurs aide pour gouverner. Nous sommes les souverains, nous devons montrer l’exemple au peuple. Que nous ne voulons pas de mal aux humains. Nous avons un partenariat avec la Guilde des chasseurs, nous les aidons à capturer les vampires fous ou trop ennivrés par le sang, nous les jugons et en fonction de la sentence, c’est moi ou le Chef de la Guilde qui exécute le prévenu. Si, j’ai tué des gens, mais que des vampires, coupables de cannibalisme. »

Il se leva et regarda la cheminée

« Mais, je dois te dire une chose. Les vampires ne tombent amoureux qu’une seule fois dans leur longue vie. Habituellement, notre famille se marie entre frère et sœur, quand il y a, pour préserver le pouvoir du sang. Comme généralement nous grandissons côte à côte, nous tombons amoureux. Mais ce n’est pas le cas de notre fille. Son frère… Est… Quelque peu malade, et à dû être exclus de la famille. Mais à présent, je pense qu’elle a des sentiments pour toi. Alors si par l’avenir tu ne répondais pas à ses sentiments, essaye de ne pas le lui dire brutalement, je ne voudrais pas qu’elle sombre elle aussi… Je refuse de la perdre. Il ne me reste qu’elle… »

Alan reprenait son souffle, sur le point de pleurer, tout en écoutant attentivement ce que disait cet homme qui semblait chaleureux.
Bien plus que son propre père.

Il ne semblait pas être un meurtrier… Et ce qu'il disait tenait la route, il semblait être une personne droite.

Il repensa à Brünhilde, ce qui le fit profondément rougir, pour la première fois.
Il avait envie de retourner la voir, dela consoler, de s'excuser de l'avoir faite pleurer… Cela l'avait mis tellement mal à l'aise d'avoir provoqué un tel état chez elle…

Lorsque Lawrence lui parla de la Guilde et du Conclave, il sortit de ses pensées.
Il connaissait ces noms.
Son père lui en avait déjà parlé, mais pas en des termes élogieux… Il les considérait tout simplement comme des « collabos ».

Plus il écoutait cet homme calme et chaleureux, plus l'image de son père dans son esprit se transformait en quelque chose d'autre, quelque chose de monstrueux, quelque chose qui lui faisait peur.
Il avait perdu sa femma à cause d'un vampire, certes. Mais cela ne lui donnait pas le droit de juger toute une espèce pour un individu… Si ce que Lawrence disait était la stricte vérité, alors c'était son père qui était en tord. Mais il en avait secrètement peur ; il ne pouvait pas lui tenir tête.

Son teint redevint progressivement normal au fil de ses pensées, puis lorsque Lawrence aborda la particularité des sentiments des vampires, il rougit de plus belle.

C'est alors qu'il repris la parole, n'ayant rien dit tout du long.

« Mon père ne décrit pas du tout cela comme ça… Pour lui, vous êtes tous mauvais… Mais pourtant vous, j'ai l'impression d'avoir un homme bien en face de moi… Un… Un père… Un père aimant… »

Son frère ? Elle a donc un frère ? Il se demandait ce qu'il pouvait bien avoir pour être exclus ainsi, mais n'osait pas demander. Après tout, cela ne le regardait pas.

« Le mien est dangereux, je ne voudrais pas qu'il vous fasse du mal… Surtout à votre fille… »

Une scène se fit alors apparaître devant ses yeux.
Son père, enragé, un énorme sabre à la main, les yeux injectés de sang, plein de rage.
Il avait vu cette scène de nombreuses fois… Si souvent…
Mais là c'était Brünhilde qu'il avait devant lui.

Son père se dirigea furieusement vers la jeune fille terrorisée, et la décapita d'un seul coup, une énorme giglée de sang éclaboussant tout autour du corps qui tressautait.

À cette vue horrible, il hurla aussi fort qu'il put. Il n'était que plongé dans ses pensées…
Lorsqu'il revint à lui, il se rendit compte qu'il était toujours assis en face de Lawrence, et qu'il avait hurlé en plein milieu de son bureau…

« E… excusez moi… Je ne suis pas encore sûr… Je la connais à peine… Mais je sais que je ne veux pas voir mon père lui faire du mal… Ça certainement pas… » dit-il en tremblant légèrement, encore secoué par l'horreur de la vision qu'il venait d'avoir.

« Je… j'aimerai pouvoir passer plus de temps avec elle… Si elle le veut bien… » réussit-il à finir.

Lawrence resta toujours froid. Enfin, pas réellement froid. Juste un peu distant. Comme avec tout le monde. Sauf avec sa fille, bien sur. Il écouta alors Alan, et resta impassible en l’entendant hurler. Le souverain avait senti ce que pouvait ressentir l’humain. C’est alors qu’il se leva, et s’avança vers le jeune chasseur, se mettant dans son dos. Regardant ensemble le feu brûler dans l’âtre, il posa délicatement ses mains pâles sur les épaules de l’invité.

« Ne t’inquiète pas pour cela. Je suis le vampire le plus puissant au monde… Qui est capable de réduire un objet ou quelqu’un en poussière d’une seule pensée... »

A cette phrase, Lawrence regarda intensément le vase posé sur la cheminée, qui contenait des roses noires. Ce fut alors une surprise, quand le vase se réduisit en cendres fines d’une couleur d’un bleu mystique, laissant tomber les roses sur le tapis rouge et or. Ce geste ne se voulait pas menaçant.

« Personne ne fera de mal à ma fille. Kraken, ainsi que moi l’a protégeons. De plus, même si elle parait malade, elle possède un grand pouvoir pour se défendre. Oh, et ne crains rien, je n’utilise ce pouvoir qu’en dernier recours. Seulement si ton père arrive comme une furie au manoir, et si la Guilde n’arrivera pas à le stopper. Pour le moment… Profite de ta vie de simple garçon, et non de chasseur. Profite de la compagnie de ma fille. »

Il mit ses mains sur les tempes d’ Alan, lui demandant de ne pas stresser, qu’il allait juste lui faire s’envoler son stress de la vision qu’il venait d’avoir, pour le détendre. Deux cercles violets s’agrandirent dans les mains de Lawrence, c’était la manifestation de son pouvoir de guérison. Il se mit à aspirer dans cette sphère la vision d’horreur et la peur du garçon. Puis retira ses mains, et détruit les cercles. Souriant, il revint à son bureau.

« Passe autant de temps que tu le souhaite avec ma fille, n’hésite pas à lui, ou à nous poser autant de question que tu voudras. Tu as le droit de savoir ce que sont les vampires, pour te faire ta propre idée la dessus. Pas seulement voire celle de ton père. Mais n’ais aucune rancœur contre lui. Il faut le comprendre. Il devait aimer ta mère comme un fou, cela lui à fait beaucoup de mal. Il ne se sent bien qu’en trouvant des coupables. Ne t’imagine rien. Je sais ceci par la Guilde. Et quand je dis, toutes questions…. Même celles concernant son frère… »

(HRP : si tu veux, tu peux apres la discu avec Lawrence aller dans la chambre de la fille (ou autre chose XD))

Alan se sentait mal à l'aise, mal à l'aise, mal à l'aise face à cet homme qui restait impassible malgré ce qui venait de se produire, mal à l'aise d'avoir crié comme ça, et aussi mal à l'aise face au souvenir insistant de ce qu'il venait d'imaginer, comme une brûlure qui peine à cicatriser.

Il craignât un peu ce qu'allait bien pouvoir faire Lawrence lorsqu'il se leva, et put à peine le suivre du regard tant il ne se sentait pas bien.
Lorsqu'il sentit les grandes mains puissantes se poser sur ses épaules, un frisson descendit le long de son dos. Spécialement lorsqu'il lui dit qu'il était le vampire le plus puissant au monde. Il avait l'impression d'entendre comme une menace, malgré le « ne t'inquiète pas ».
Le mettait-il en garde ?

Ses craintes s'intensifièrent lorsque Lawrence affirma être capable de réduire un objet en poussière, et le « ou quelqu'un » lui resta en travers de la gorge.
Il déglutit, comme pour faire passer cela, et sursauta lorsque le vase laissa la place à un tas de cendres.

Il avait beau être fils de chasseur, il ne se sentait vraiment pas bien en ce lieu et en ce moment. Pas à sa place, pas à l'aise, en danger. Son instinct lui dictait de fuir, de ne pas rester ici, il savait que son père le frapperait probablement après l'avoir sortit de là en le tirant dehors, en le sermonnant d'à quel point ce qu'il venait de faire était irresponsable et dangereux.
Ce qui n'était pas tant faux en soi ; mais Alan écoutait rarement ce que lui disait son père, en ommettant tout ce qui était lié de près ou de loin à leur activité familiale, du moins de manière générale. Il n'aimait pas sa façon de réagir, trop campé sur ses positions, certes il ne voulait faire courir aucun risque mais s'était-il déjà demandé ce que pouvaient ressentir les êtres en face de lui ?

Il se surpris à cette pensée, il ne se savait pas si différent de son père.
Peut-être que son père était réellement un chasseur solitaire et dangereux, comme il l'avait déjà entendu ?
Et que dire de cette vie de chasseur, qui lui avait été imposée, lui qui était curieux de tout et surtout de ce que pouvaient bien être réellement ces créatures qu'ils combattaient ?


Peut-être qu'il était autre chose après tout, il se sentait mal ici et maintenant, mais c'était peut-être simplement un instinct de survie que tout être avait au fond de lui face à l'inconnu ?


Lorsque Lawrence continua, lui expliquant tant bien que mal qu'il n'avait rien à craindre ici, qu'il devait profiter, il réussit à se détendre un peu. Après tout, il ne leur voulait pas de mal, simplement il était curieux de leur mode de vie, s'ils représentaient un danger pour les autres, et puis cette… Cette Brünhilde lui semblait bien solitaire, il avait envie de s'approcher d'elle tout doucement, d'entrer dans sa sorte de bulle, il la sentait seule, il voulait la connaître mieux.


Et puis l'homme posa les mains sur ses tempes et lui dit de ne pas stresser. Il n'eût pas réellement le temps de comprenddre ce qu'il faisait, une sensation très étrange le prit soudain.
Et puis soudain, lorsqu'il les retira, c'est comme si un voile se levait de devant ses yeux. Il se sentait mieux, d'un seul coup.
Était-ce Lawrence qui venait de faire ça ?


Il écoutait attentivement ce que lui conseillait le vampire. Ce n'était pourtant pas réellement dans ses habitudes, mais lui malgré sa distance semblait se soucier réellement de lui.
Pourtant il était un vampire, en face du fils d'une longue lignée de chasseurs.
Et il se semblait pas lui vouloir le moindre mal, bien au contraire.


Il put enfin se détendre pleinement, et un sourire s'afficha enfin.
Il put enfin prendre la parole.
« Merci, vous êtes vraiment quelqu'un de bien. »

Et ses pensées se tournèrent vers Brünhilde. Il voulait la connaître, elle et sa famille, en savoir plus sur ce qu'ils étaient vraiment, sur ce qu'étaient vraiment les vampires. Et il voulait s'approcher un peu d'elle. En quelque sorte entrer dans sa bulle, pour ne plus qu'elle soit si seule.

Il acquiesca tout ce que lui dit alors Lawrence. Il pouvait donc poser les questions qu'il voulait. Il ne manifestait aucun désir de lui cacher quoi que se soit. Il ne savait pas pourquoi il y avait tant de différence entre ce qu'il avait toujours entendu et ce qu'il voyait. Cela ne pouvait pas être les créatures dont parlait si souvent son père, celles qu'il combattait, qui ressemblaient plus à des animaux cruels et sans pitié que de vrais êtres intelligents.

Il était perdu.

C'était nouveau pour lui, lui qui avait grandi dans un monde de certitudes, de gentils d'un côté, de méchants de l'autre. Quelque chose d'inconnu et qui contrastait avec ce qu'il connaissait. Il était plus que piqué au vif de sa curiosité. Il se sentait comme un bambin dans un magasin de bonbons.


« Je… Je me sens perdu, en fait. » avoua-t-il. « Pour une fois que j'ai autre chose sous le nez… » Il se leva, reprenant soudain un air guilleret et désinvolte. Il avait envie d'aller voir Brünhilde et de parler avec elle. Il avait envie de percer sa bulle.

« J'ai vraiment envie d'aller parler avec votre fille… » demanda-t-il en un sourire.